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Santé Troubles du Comportement Alimentaire
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22 mai 2011

temoignage d'une anorexique mentale

Une matinée comme une autre dans un lycée de province. La cloche sonne dans trois minutes. Tous les lycéens se pressent en direction du self, réjouis à l'odeur de la friture. Sauf elle.

Elle, elle se dirige hors du bâtiment, s'assied sur un muret. Une pomme, une clope, un demi litre d'eau. Ce sera tout pour ce midi. Ne pas oublier d'attendre une bonne demi-heure avant de « revenir du self ». Ne pas oublier d'apprendre par cœur le menu du jour. Ne pas oublier de sourire, surtout. Enfin, elle connaît ça par cœur. Elle le fait tous les jours.

Et elle, c'est moi.

Je souffre de troubles des conduites alimentaires (TCA) depuis trois ans. Quand on parle de TCA, les gens pensent immédiatement à l'anorexie ou à la boulimie vomitive. Mais il existe d'autres troubles :

  • la potomanie, sorte d'addiction à l'eau ;
  • l'orthorexie, l'obsession maladive par la diététique.

Pour ma part, j'ai souffert d'un peu de tout ça.

J'ai perdu 21 kilos, mangé l'équivalent d'une semaine de courses en vingt minutes, bu jusqu'à cinq litres d'eau d'un coup ou encore appris par cœur l'étiquetage nutritionnel d'au moins une centaine d'aliments. J'aurais été l'esclave d'Ana et de Miadurant une bonne partie de mon adolescence.

J'ai mis du temps à réaliser que j'étais malade, à comprendre que ce n'était pas un simple régime, mais un comportement addictif, pathologique. Jamais je n'aurais cru que ce défi du « manger le moins possible » que je m'étais imposé, ce « jeu » où il faut perdre [du poids] pour gagner, deviendrait plus fort que moi.

Chambrer une personne trop maigre, ça donne bonne conscience

Les TCA sont des psychopathologies qui nécessitent un lourd suivi médical, pas une fantaisie d'ado assujettie aux diktats de la mode. Pourtant, les termes « anorexie » et « boulimie » sont utilisés au quotidien de manière viciée et banalisée, souvent irrespectueuse, parfois injurieuse.

Combien de fois ai-je entendu parler de « pétasse anorexique et superficielle », ou des blagues de mauvais goût sur la boulimie. Le tout, avec un mépris se justifiant par une certaine bien-pensance, car il est bien vu d'avoir du recul sur la maigreur médiatique.

Oui, car si on passe pour immoral en insultant une personne obèse (ce n'est pas politiquement correct), on n'aura aucun remord à rire de l'anorexie ou chambrer d'une personne trop maigre. Cela donne bonne conscience.

« T'es trop maigre, c'est vraiment moche. »

 

Merci bien.

Les anorexiques ne sont que des filles superficielles

Peut-être est-ce indirectement pour inciter la personne à manger, mais je pense que ce type de comportement sert de bouclier aux gens, pour se protéger du malaise que les TCA suscitent. L'idée même que quelque chose d'aussi banal que l'alimentation puisse devenir un cauchemar dérange.

Pour la majorité des gens, une part de gâteau n'évoque que le plaisir gustatif, éventuellement un léger remord en pensant aux calories. Moi, je ne peux pas m'imaginer la manger et devoir la digérer. Je comprends qu'une telle perception de l'alimentation puisse déranger.

Mais d'autres n'ont pas une once de compassion. Je connais des dizaines de personnes pour qui les anorexiques ne sont que des filles superficielles qui s'affament volontairement pour ressembler aux couvertures « Photoshoppées » des magazines, vénérant Kate Moss ou Nicole Richie. Et si elles ont des problèmes de santé ensuite, tant pis pour elles, elles auraient dû deviner qu'en ne mangeant rien, « on ne fait pas de vieux os » !

Il suffit de lire quelques commentaires sur l'article consacré à la mort d'Isabelle Caro pour avoir un aperçu de l'humour pseudo-cynique que certains crétins peuvent montrer, reprenant les clichés sur ce type de maladies. J'adore l'humour noir, je pense qu'on peut quasiment rire de tout, mais pas avec tout le monde ni dans tous les contextes. Surtout pas sur Internet, en commentaires à l'annonce d'un décès.

Les signes ? Perte de mémoire, chute de cheveux…

Les TCA sont des pathologies. Il est impossible d'avoir des chiffres exacts mais on estime qu'ils touchent 1% des adolescentes, et 8% en meurent (dénutrition, étouffement, problèmes cardiaques, suicide). Ces chiffres ne révèlent que trop peu l'horreur vécue par les malades.

Je ne veux pas basculer dans le pathos, mais je vous livre ici quelques conséquences des TCA, non seulement pour sensibiliser, mais aussi dans l'espoir de permettre à certains de déceler ces troubles chez un de leurs proches :

  • variation du poids (perte pour l'anorexie et la boulimie, prise pour l'hyperphagie),
  • dégradation voire chute des cheveux, ongles et dents,
  • saignement des voies respiratoires et du dos de la main,
  • aménorrhée,
  • évanouissements,
  • état dépressif,
  • perte de la mémoire,
  • léthargie,
  • problèmes cardiaques…

La liste est encore longue.

J'ai gâché les plus belles années de ma vie

Personnellement, je ne suis plus hospitalisée, mais je passe ma vie en salle d'attente (psychologue, psychiatre, nutritionniste, analyses médicales…). Non seulement ma santé est compromise, mais ma scolarité en souffre : j'ai dû revoir mes ambitions d'études supérieures à la baisse car je n'aurais pas la force de tenir le rythme d'une prépa.

J'ai gâché les plus belles années de ma vie à rechercher une perfection illusoire dans un corps vulnérable, fragile, comme un retour à l'enfance, quand la vie paraissait si simple. J'y serais presque parvenue : je m'habille au rayon enfant, je ne suis plus menstruée et je suis constamment surveillée. Mais j'ai 18 ans.

J'ai le corps d'une pré-ado, mais j'ai l'impression d'avoir plus de maturité que ceux qui tentent de faire de l'esprit sur une maladie qui les effraie… Et dont il me faudra encore trois ou quatre ans pour en sortir.
Comprenez alors que l'humour de certains me reste en travers de la gorge.

: Daphnée Malleval 

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Commentaires
S
bonjour je suis comme toi au début je ne penser pas que j'étais anorexique car moi quant on m'angoisse je ne sait plus avaler actuellement j'ai 45ans depuis mais 16ans je fait du yoyo je mange des fois et certain jour trop d'angoisse meme un yaourt jene sait pas l'avaler pour moi il a plusieurs sorte d'anorexie celle qu'il veule maigrir et celle qui ont des souci ont ne peut mélanger mais je sais que nos entourage en souffre .rassure toi
V
Moi je ne suis pas anorexique mais on me persecute avec ca. on m a jusqu a envoyer voir un psy qui ma dit quelle ne trouvais aucun symptome psychiatrique.je mesure 1m57 pour 40kg pourriez vous s'il vous plait me dire si vraiment je suis anorexique pour moi non !!!!!! Tout ca juste car le manger me degoute jai le droit .qu'en pensez vous ? Si je suis angoisser je ne peus plus manger non plus mais ca cest l'angoisse . A force que lon me dise ca j'en deviens agressive .meme mon conjoint me dit que j'en ai certains symptome donner moi votre avis car je trouve que sa deviens du harcellement .entourage travail etc..... de toute facon je ne veus pas grossir c'est comme ca depuis toute jeune et je n'ai jamais ete soigner donc ca ne peut pas venir de ca de plus ca touche beaucoup d'ado hors moi jai 44 ans .
£
Parce que les anorexiques, comme les autres, sont les humains et ont un droit que personne ne peut leur retirer : le droit à la vie. ;)
£
Bonjour.<br /> <br /> C'est très courageux de ta part d'un, d'avoir pris conscience de ton problème et de vouloir t'en sortir, de deux, d'essayer de lutter contre les idées reçues très nombreuses sur beaucoup de sujets aussi graves. Ces idées sont alimentées par la peur de l'inconnu et de la différence. Les gens ne comprennent pas le fait même que tu ne puisse pas penser comme eux. J'ai 15 ans, je ne suis pas atteinte, mais j'ai cherché sur internet des informations par curiosité puis pour un exposé car c'est le sujet que j'ai choisi.<br /> <br /> En plusieurs heures, j'ai appris beaucoup de choses sur les TCA, y compris et surtout sur les anorexiques mentales. Je sais que 2% des adolescentes sont touchées et que 9/10 sont des filles. Je trouve ça énorme. Cela veut dire que sur une petite ville de 10 000 habitants, ils y a des risques que plus d'une ou deux jeunes filles soient atteintes. Alors pour les capitales, n'y pensons même pas.<br /> <br /> Mais ce qui m'a surtout interpelé, c'est que nous n'ayons que des hypothèses sur l'origine de la maladie, alors qu'elle peut devenir mortelle. <br /> <br /> C'est l'entourage de la personne qui tient le plus grand rôle dans la progression ou régression de la maladie. Il souffre de voir une personne aimée se détruire sans pouvoir la résonner. Et lorsqu'un traitement est mis en place, la moindre remarque peut faire replonger. <br /> <br /> <br /> <br /> Alors, à tous ceux qui connaissent un anorexique dans leur proche : pour vous, le chemin vers la guérison, c'est accompagner et encourager, pas forcer. C'est aider la personne malade à surmonter les démons qu'elle s'est créé, c'est la sortir de ce cercle vicieux qui peut se terminé par la mort.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais il y a espoir : plus la maladie est décryptée tôt, mieux les anorexiques s'en sortent. Alors tous, toutes, soyez attentifs à votre entourage, n'ayez pas peur de briser les tabous et parlez-en en cas de doute. Sans insultes, la voix, avant les diagnostics, peut peut-être permettre à certains ou certaines de prendre conscience de leur trouble.
L
On ne plaisante pas avec ces maladies. moi on m‘a deja demander si j etais anorexique alors que je ne le suis pas du tout (et je n espere pas l. etre un jour) . ce qui a m a le plus choque c est que c est un medecin qui ma pose la question!<br /> <br /> <br /> <br /> J ai passe la plus mauvaise semaine de ma vie car je ne voulais pas effrayer ma mere...
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